J'avais cru.
J'avais cru qu'avec les enfants c'était avant tout une affaire d'éducation. Je pensais qu'il suffisait de bien les élever pour avoir des enfants bien élevés.
J'avais cru qu'il y avait des familles où tout se passait bien, du lever au coucher, sans jamais vraiment se fâcher. Et d'autres familles où c'était le bazar, l'insolence, les colères, les cris... La faute à qui? Aux parents évidemment!
Et puis, la vie m'a mis dans les pattes un enfant bien élevé, et un autre "impossible à dresser". Un qui dit oui à tout, ou presque. Et un autre qui marche à rebrousse poil sur tous les sujets. En société, on en oublie même de voir celle qui est bien élevée tellement l'autre enfant prend de la place. Une place bien lourde à porter et à transporter...
Tellement lourde à traîner que j'ai eu des pensées que j'aurai préféré ne jamais penser "Ce n'est pas possible, cet enfant n'est pas le mien." C'est moche, hein...
Sauf que si, cet enfant est bel et bien le mien. Ce petit garçon qui se laisse écraser par le Zazou qui est en lui et qui veut prendre toute la place. Ce grand frère tellement aimant et joueur. Ce petit individu qui porte en lui une histoire déjà bien chargée, qu'on est incapable de démêler.
Alors on essaie de s'adapter, être créatifs, voire parfois seulement de survivre. On se met à espérer ce jour où il sera capable d'entendre raison, de comprendre les limites, de vivre avec nous tous autour, simplement, tout le temps.
Voilà ce qui résonne en moi les moments où ça ne va pas. Les moments où j'ai envie de pleurer quand je suis fatiguée, ou de demander à la vie ce que j'ai fichu pour avoir un môme pareil, quand je suis en colère. Mais les jours où tout va bien, je me dis à quel point j'ai tort de me questionner sur cet enfant, sur celui qu'il sera quand il sera grand. J'allège mes pensées quand je le vois jouer avec son frère, lire les magazines de sa soeur le matin dans leur lit, quand je vois la patience qu'il a dans ses constructions et sa fierté toute nouvelle à nous montrer ce qu'il crée. J'ai grand espoir quand je vois qu'il connait très bien les règles, qu'il est très bon élève même s'il est avant tout très joueur...
J'avais cru que tout était de la faute des parents. En le devenant, j'ai surtout compris que le parent, il fait ce qu'il peut avec l'enfant qu'il reçoit. Un individu ça ne se façonne pas. Un individu s'explore et s'élève, au sens propre du terme.
Ma mission aujourd'hui est de prendre ces trois enfants dans le creux de mes mains, et de les élèver aussi haut que possible. Marché conclus!